Une vie à Paris

La grande classe, c'est bien évidemment d'aller au supermarché pour acheter un truc unique, de préférence bien voyant. Mon préféré ca reste quand meme le paquet de 24 rouleaux de papier toilette, avec un nom qui chante et qui fleure bon la provence.
Forcément, impossible de faire un achat pareil sans tomber sur un dérangé. "Une" en l'occurence...

Ne trouvant pas le rayon adéquat, j'aborde une vendeuse en train de mettre des articles en rayon :

"Excusez moi, je cherche le papier toilette s'il vous plait"

Elle me détaille de haut en bas, et avec un sourire et un petit clin d'oeil, me sort cette réplique qu'il faut bien qualifier de completement surnaturelle :

"Mais voyons, un beau jeune homme comme vous, ca n'utilise pas ce genre de chose"

C'est bien connu...

"C'est pas pour moi, c'est pour un pote pas beau"

Oui, dans ces cas là, faut pas être contrariant...

Paris c'est quand meme et avant tout une concentration de gens chelous au metre carré qui défie les statistiques les plus défaitistes sur l'espece humaine.

Exemple :

Le beau temps est de retour. Las de me trimballer ma veste par 30° juste pour transporter téléphone, portefeuille, cartes diverses etc..., je décide de succomber à la mode de la petite sacoche.
J'avise une boutique, je trouve mon bonheur, et me dirige vers la caisse pour régler mon achat.

C'est la que j'ai senti une nouvelle fois s'ouvrir le portail vers la 4eme dimension.

"Tres bon choix monsieur, il est tres bien, tres tres bien"

(merci...champagne ?)

"Alors attendez je vais vous expliquer"

(Oui filez moi un mode d'emploi pour ma sacoche, histoire que je m'en serve pas pour mon bain ou pour faire cuire des pâtes)

"Vous voyez ca ?"
Elle désigne la fermeture éclair d'une des petites poches à l'avant de l'objet, et, les yeux brillants
"Regardez, ca marche dans les deux sens, c'est normal hein"

(Regard indécis. Elle se fout de ma gueule ?)

Ne me voyant pas réagir, et un peu déconcertée de ne pas avoir vu mon visage resplendir de joie devant cette merveille technologique, elle répète avec insistance
"C'est tout nouveau, faut pas vous inquiéter, ca marche dans les 2 sens"
En disant ca elle fait marcher plusieurs fois la fermeture d'avant en arriere.

Bon qu'est ce que je fais...
1/ Je lui tapote affectueusement la tete et lui fais un regard gentil "mais oui ! c'est vrai ca marche dans les deux sens ! c'est formidable ! chhhhht, sage !"
2/ Je joue le jeu, et, fou de bonheur, trépigne d'impatience à l'idée de pouvoir m'amuser avec ma fermeture éclair double sens. J'en profite pour lui demander si elle a des nouvelles de la fermeture triple-sens qui devrait, je n'en doute pas, sortir incessamment sous peu (d'abord au japon ou aux états-unis, of course)
3/ J'éclate en sanglots, c'est pas possible d'etre aussi con...
4/ Je m'en tire par une petite pirouette ironique que je pourrai toujours, s'il le faut, transformer en premier degré.

Allez, j'opte pour un compromis entre 2 et 4, une petite pointe d'humour pour lui faire comprendre en douceur ce que je pense de sa technologie du futur.

"Ah...c'est bien parce que la derniere sacoche que j'ai acheté chez vous, c'était une simple sens. Je l'ai ouverte une fois et j'ai plus jamais pu la fermer..."
"..."
"..."
"C'est vrai ?"
"..."
Devine...

Vivement l'hiver que je m'achete un nouveau sac.

J'ai fait quelques constats accablants sur la faune du métro ce soir.

Contexte :
après moultes aventures, le parisien moyen rentre chez lui en RER, les yeux mi-clos, le neurone en stand-by. Arrivé au terminus, la situation est la suivante : 200 personnes sortent du RER, un seul escalator d'environ 1m de large.

Constat 1 :
Tout le monde veut être placé en face de l'escalator à l'arrivée, donc durant tout le trajet, tout le monde s'entasse dans le même wagon. Pas question de faire 1m de plus que nécessaire. Bien sûr personne ne se dit que du coup avec tout ce monde le mec coincé au fond contre la porte n'a pas la moindre chance d'arriver à l'escalator avant qu'il  ne soit pris d'assaut, alors que le mec tout seul dans le wagon juste à côté il y est tranquillou. NON ! on sort le tube de vaseline, le chausse pied, et on rentre dans ce putain de wagon qui arrivera en face de l'escalator !

Constat 2 :
A l'arrivée, c'est la métamorphose. Des que le train approche du terminus (environ 5-6 minutes avant), on se regarde en biais, l'oeil hagard, l'écume aux levres. Il faut se lever suffisamment tôt pour être le premier à la porte (quitte à faire voler une vieille par dessus le siège...2 minutes plus tôt on lui aurait porté son sac mais c'est fini ca maintenant ! Si on peut s'approcher de 3cm de plus...), mais pas trop tôt !!! sinon on passe pour un touriste qui se leve 2h avant la station !! Faut montrer qu'on maîtrise le RER, et que ce n'est pas le RER qui nous maîtrise !!

Constat 3 :
Même quand le mec a réussi à être le premier à la porte, juste en face de l'escalator, il force à mort pour ouvrir la porte avant l'arret du train, se jette sur l'escalator histoire de mettre le peloton dans le vent...limite surpris de ne pas voir gérard holtz pour l'interview en haut de l'escalier. Et meme quand on sait qu'on sera pas premier, on se bat pour finir sur le podium (en n'oubliant pas une fois sur l'escalator de se retourner pour jeter un petit regard narquois sur les looser qui s'entassent en bas, quitte à se ramasser parce que du coup on ne voit pas la fin de l'escalator)